 |
|
 |
|
|
Isidore Quincampoix saisit la main gantée de John Coolter et la serra vigoureusement.
- John, mon cher John! Où diable étiez-vous donc passé?! Voilà trois semaines que tout l'Institut espère de vos nouvelles!
- Good Heavens! Que me contez-vous là Isidore? Trois semaines, dites-vous? Quelle mouche vous pique? Seriez-vous devenu fou? Je me suis à peine absenté un quart d'heure! Vous abusez de l'alcool de cactus que nous a envoyé ce pauvre Aranjuez. S'il savait l'usage profane que vous faites du résultat de ses pénibles pérégrinations andines, il cesserait de nous en faire profiter...
- Moi, mais, je... je n'y ai pas touché, voyons, je ne supporte pas l'alcool!
Sans insister, John Coolter se dirigea vers un bocal à poissons rouges posé sur une commode et y versa un curieux triton aux branchies rose pâle et à la robe mordorée qui se posa en ondulant sur la litière de graviers blancs.
- Mon Dieu, Coolter, je comprends tout! Un triton chronophage! Que faites-vous avec pareille bestiole?! Nous en pensions la race éteinte depuis l'explosion de la source de Kenasztsza! Filons-vite nous mettre à l'abri avant qu'il ne soit trop tard!
- Ahem... Je suis désolé Isidore, mais... j'ai trouvé cette créature qui se promenait dans la salle des aquariums de l'Institut. Sans doute un échantillon oublié qui aura trouvé ce moyen de se rappeler à nous... Quand à se mettre à l'abri... un chronophage, dites-vous? Je crains qu'il ne soit trop tard... Regardez comme il nous fixe! Et le calendrier! Il perd ses feuilles plus vite qu'un marronnier en automne!...
- Mon Dieu, John, un mois déjà! Quelle perte
de temps!...
© 1994, Philippe Gindre